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AVRIL 1592. 249
Quand le prince de Parme* vinst pour la seconde fois en France, en cest an 159s., il dist au Roi devant tout le monde : « Monsieur mon ami, je vois bien que « tout ce que tu fais ne te servira de rien à la fin, si <( tu ne te fais catholique. U faut que tu voises à Romme; « et qu'estant là tu bougeronnes le Pape, et que tout « le monde le voie : car autrement ils ne croiront ja-« mais que tu sois catholique. Puis tu prendras un « beau clistere d'eau beniste, pour achever de laver « tout le reste de tes peschés. »
Il lui dit une autre fois : « Penses tu pas, monsieur « mon ami, que la charité que tu as à l'embrassement « de ton roiaume doit excéder toute charité chres-« tienne? De moi, je tiens pour tout asseuré que tu « donnerais à un besoin les huguenots et papistes aux « protenotaires de Lucifer, et que tu fusses paisible « roi de France. Aussi bien dit on que vous autres rois « n'avez gueres de religion qu'en apparence.
« Les rois de la nouvelle impression font un petit « ciel (disoit-il) de l'honneur et reverence qu'on leur « doit; mais quant aux affaires de l'honneur divin, <c Dieu est homme d'aage : il y sçaura bien pourvoir.
« Je ne m'esbahis pas ( dit il une autre fois à Sa Ma-« jesté en bouffonnant) s'il y a tant de gens qui ab-« bayent à estre rois, et s'il y a de la presse à Testre : « c'est chose désirable; c'est un beau mot que roi de « Francef ét le mestier d'estre tel en est honneste: car « en travaillant une heure de jour à quelque petit exerce cice, il y a moiien de vivre le reste de la semaine, et « se passer de ses voisins. Mais pour Dieu, monsieur « mon ami, gardés vous de tumber entre les mains « des ligueus : car vous pourriez tumber entre les mains
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